Blogue compulsif

Chalet introspectif dans l'bois

Le temps emporte l'artL'art emporte le temps

Sur le bord de superbes chutes, entrecoupé de duels frisquets en haute mer agitée, garni de repas des plus volatilisants, d'ateliers de création et de discussions profondes : sur le sens de l'univers, la société, l'indépendance de l'art, la politique, l'histoire...

Sur fond de partage d'inspirations... de théâtre et de gum boots "en fantasme"... et ce Pourquoi jamais nous allons... le collectif a inauguré sa première fin de semaine hors Montréal d'introspection, de formation et de création pour fêter ses 5 ans. Il partagera ses réflexions et explorations dans l'élaboration d'un manifeste...

Le temps horloge

Illustration allant avec le texte

Frappe,
Une seconde et il était là.
Fraction d'espace, rencontre lumineuse.
Frappe,
Une minute de retard.
Sur le long de la fenêtre se touche une larme de pluie.
Grillage du temps sur la feuille de calcul des moments.
Elle se croise, il se pousse.
Revenir en arrière s'avère impossible, le prochain rendez-vous marquera l'heure.
Glissade des mécaniques qui roulent et s'effacent.
Frappe,
Elle était là, il n'y était plus.
Tristes fleurs en main.
Il s'évanouit en un souvenir de poudre d'argent.
Frappe,
Le sifflet du train se fait entendre au loin.
Partir là-bas d'une gare à l'autre.
Et espérer quelque part peut-être entre les astres.
Frappe,
Rien n'est plus comme avant, il n'y a plus de gare, plus d'espace, plus d'attente.
Tous vont si vite, se dit-elle.
Elle marche contre le vent,
Sa chevelure grise s'évapore dans la brume du matin.
Voilà maintenant soixante ans qu'elle attend,
Mais le train ne viendra jamais, la guerre est finie.

Texte: Maxime Charbonneau
Illustration: Mélissa Pilon

Biosphère badtrip

Durée : 6 minutes

Une manoeuvre, au quotidien, le cycle. Hier au lendemain… tranquillement… il observait l’écho de son esprit sur le sol. Aujourd’hui, encore, il se réveille, se pose, observe, réagit… une mélodie qui cherche à comprendre, à s’évanouir. « Biosphère, badtrip », simplement, une analyse introspective et mystérieuse sur l’écologie.

Jésus Cree

croix Mont RoyalAujourd'hui je suis allé sur la montagne. Il faisait un temps espoustiflant. Je barre mon vélo. Une sœur s'accroche de moi.

"Belle journée, n'est-ce pas ?"

Pointillant le soleil je dis :

« Oui quand même hein ! Je vais essayer de me rapprocher de lui"

"Priez Jésus, vous aller le trouver".

Il faut toujours se méfier des gens qui disent pas bonjour, ni au revoir. Ils ont souvent un truc à vous vendre.

Et moi ce genre de truc ça m'effraie. Bah si. Je suis du genre à méditer alors j'ai toujours peur que ça m'arrive pour vrai.

Je serais assis en tailleur, au pied d'un bouleau, dans une petite clairière et là tout à coup, j'aurais une vision. Un être lumineux s'approcherait de moi, poserait sa main bienveillante sur mon épaule, et me dirait sur un ton laiteux paternel.

"Mon fils, tu n'es pas perdu, tous tes péchés sont pardonnés, je suis là, et que cet air là, et que cet air là... »

Je me relèverais, les yeux illuminés et je me mettrais à mon tour à préchier la bonne parole autour de moi.

Après tout si j'ai vu Jésus, je peux bien me rendre jusqu'à Dieux. Je sais compter, un, dieux, trois.

         Sortant de ma rêverie, et surtout de l'élobarotian mentale d'un texte que j'écrirai plus tard, j'arrive au sommet de la montagne. Et comme sur tout sommet, j'y retrouve la croix en érection cathodique, symbole d'une religion qui s'est courageusement forgée une place dans l'arène sans pitié de la pluralité des con victions. 

Une barrière a même été construite à l'entour pour préserver de jeunes délinquants d'aller y accrocher quoique ce soit d'un peu rouge et voyant. Seulement voilà. Je ne sais pas si c'est juste moi mais, j'ai bel et bien eu une vision.

J'y ai vu un tipi.

 

Je suis redescendu de la montagne, en me disant qu'on aura tôt fait d'oublier le génocide sur lequel la nation s'est construite, mais qu'on ne le supprimera jamais de l'inconscient collectif.

J'ai pas prié Jésus, j'aime encore mieux dessiner les arbres ou les oiseaux, ce qui fait de moi un Dessinanimiste.

J'ai récupéré mon vélo. Un gars s'est approché de moi : "Tu cherches du pot ?".

J'y ai dit non merci, j'ai trouvé Jésus.

Eucalyptus

Saupoudré  

D’eucalyptus emmitouflé

Dans des mitaines de vieux éternuées

L’homme aux mille regards

Se penche sur l’historique retard

Du mouvement pendule

Qui afflige le déplacement de ses courbes détendues

Origine précaire de classe laborieuse

Il ne saurait être autre chose que détonateur rieur

Huit cent douze contraintes éméchées

Le couvercle décadent explose en œuvres exposées

Sur le balcon des balbutiements

De son idéal tourmenté et dément

L’homme patient canne d’or en main

S’avance aux pas de l’oie

Et à son oreille dévoilée

Glisse des mots hautains

Des sons de bas quartiers

Des hérétiques idées

Être

Qu’il est dur d’être un homme dans ce pays.
Qu’il est dur d’être dans ce pays.
Ce soir le ciel m’aspire.
Je marche sur les étoiles.
Des fantômes s’approchent de moi.
Seul réconfort d’un soldat errant.
Que reste-t-il de moi?
Devant le vide céleste.
Ce soir je disparais dans les rues de la ville.
Que restera-t-il de moi?
De nous?

Festival Phénomena

Pourquoi jamais participera au festival Phénomena du 19 au 26 octobre 2012 [En savoir plus...]

Après 10 ans de succès, le Festival Voix d’Amériques (FVA) s’est réinventé et est devenu le festival Phénomena. Pour sa première édition, Phénomena se déploie avec éclat. Plus de collaborations, plus d’artistes et des propositions improbables, intrigantes et poétiques. Dans les petites salles chaleureuses du quartier Mile End dont La Sala Rossa, la Casa del Popolo, le Divan Orange, le Cabaret du Mile-End, le Bain Saint-Michel, La Centrale; et aussi à Excentris et à l’Usine C.


Bénévole un jour, bénévole toujours...

Le festival a vraiment besoin d’aide. Si vous avez envie de faire un peu ou beaucoup de bénévolat, contactez-les et il trouvera chaussure à votre pied.

Pour info : Stéphane Despatie à 514-495-1515 ou despatie@electriques.ca
www.festivalphenomena.com

Crédits photos :
Teen Sleuth : Cindy Lopez / Ellen Smallwood

Ce n'est qu'un début...

L'ALV et Pourquoi jamais déposent une demande de financement dans le cadre du programme Rouage d'Engrenage noir.

Article publié le Bulletin d'information de l'Association des locataires de Villeray.

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Né à l’automne 2008 autour du projet Le Cadeau, le collectif Pourquoi jamais est un microlaboratoire expérimental et inclusif. Ses membres, issu-e-s de domaines diversifiés et complémentaires, cherchent à insuffler et à promouvoir la création collective dans une perspective interdisciplinaire et engagée socialement. Les membres interagissent entre elles et entre eux, s’instruisent, cultivent, partagent leurs bagages disciplinaires et développent leur potentiel créatif au maximum. Le collectif se veut émancipateur.

C'est dans Villeray que Pourquoi jamais a établi son quartier général et son lieu principal d’exploration créatrice. Le collectif souhaite s’y enraciner à travers ses projets et implications, et par l’intégration d’une pratique artistique à même le paysage urbain du quartier.

Depuis ses débuts, Pourquoi jamais prend appui sur quatre valeurs centrales que sont la justice sociale, la coopération, la démocratie participative et l’écologie. À partir de ce terreau, le collectif crée divers projets, cherchant toujours à tisser des liens vivaces avec les acteurs locaux des secteurs communautaires et populaires. Partant de ces préoccupations, l'idée d'échafauder une collaboration avec l'Association des Locataires de Villeray a peu à peu germé chez les membres du collectif.

Marquer l'imaginaire, militer, s'émanciper par l'art, développer une meilleure connaissance des enjeux liés au logement : voilà quelques exemples des objectifs poursuivis par l'ALV et par Pourquoi jamais. Les deux organismes ont donc tout récemment déposé une demande de financement dans le cadre du programme «Rouage» d’Engrenage noir, afin d'envisager la réalisation conjointe de un ou plusieurs projets d'art communautaire activiste. La demande est en cours... projet à suivre !

Labyrinthe : Le Prince

Le prince marchait dans la rue et les fidèles s’agenouillaient devant son humble présence. Il traversait de long en large la ville qui s’était faite si belle pour son arrivée. Il était l’homme de la situation et nul ne pouvait obscurcir son règne. J’étais témoin de son passage, incapable de comprendre comment il pouvait avoir régné si longtemps sur son peuple.
Le prince, d’un long mouvement d’épaule, rabattit sa cape, ce qui fit pour un instant briller le pommeau de son épée, legs de son père, souverain intemporel du royaume de l’oubli. Ici, il n’était pas question de changer quoi que ce soit. Le temps s’arrêtait pour les passagers des infinis. Il y avait des lustres que je marchais dans ses corridors sans fin. Le gouffre qui m’avait aspiré et m’avait emporté si creux au sein des couloirs que j’étais finalement arrivé au milieu de la capitale du royaume de l’oubli : Éternité.
Les bourgeois de la ville ne semblaient pas vouloir comprendre qu’au loin les murs du royaume s’effritaient dans de vastes mouvements de souffrance impitoyable. Alors que j’étais toujours fasciné par le passage du prince, j’eus une vision : son pas, son rythme, ses cheveux. Que pouvait-elle faire ici, celle-là même, raison de ma perte.
Le prince se baissa et d’un geste élégant lui fit signe de bien vouloir lui faire l’honneur de se joindre au long convoi de sa puissance. D’un mouvement gracieux, lent et majestueux, elle honora le prince et grimpa sur le carrosse royal. Délicieusement, elle déposa un baiser sur ses lèvres. Je le reconnus enfin. C’était une vision impossible. Que pouvait-il faire ici, lui aussi, mon si cher ennemi?
Il y avait si longtemps que je le combattais, que pour se défaire de moi, il avait dû m’envoyer aux confins du royaume dans l’endroit le plus sordide et le plus vil du labyrinthe. Que pouvait-elle bien faire avec lui?
Je pris une chambre à l’Hôtel des Morlentes où l’odeur du hasch n’arrivait pas à couvrir celle des nuits trop courtes au service de nymphes qui ne vous laissent jamais repartir. Mon malheur était ma seule protection. Il semblait bien qu’aucune d’elles ne pouvait m’approcher, ne pouvant pas supporter toute cette mélancolie

Labyrinthe la suite

Labyrinthe partie II

 Au cœur du labyrinthe, nous trouvons toujours les mêmes choses. Un regard oublié, une main qui s'efface, un baisé sans lendemain. J'ai découvert le sens profond des mélancolies qui tracent un pli sur son visage. Je me noie dans mes pensées carbonisées par le mépris des paroles prononcées comme un réflexe. Je t'aime, saccade ma souffrance. Martèle mon propre oubli. J'entends les lettres qui se typographient sur le vent de ses lèvres.

Nous serons contre le monde à jamais. Il n'y a plus de monde, il n'y a que le silence du vent qui tournoie.

Sur un banc dans un couloir gravé de graffitis d’artistes héroïnomanes, je regarde le temps qui s'écoule sur le sablier de l'homme aux mille regrets. L'accès se referme sur moi. J'entrevois, au loin, le baiser volé dans la nuit. Il s'évanouit, il coule sur le temps comme la crème glacée sur ses lèvres. Il devient irréel. Les larmes sèchent sur ma peau qui brûle d'amers doutes. Je suis rempli d'incertitude qui violace mon avenir. Le dessin des fantômes du néant amoureux s'affiche sur les rebords du corridor.

L’asphalte chaud transperce les semelles de mes bottes. Je marche en insomniaque. Je ne ris plus. J'effectue une boucle sur moi-même. Je suis flottant, je dérive sans autre idée que celle de m'évanouir dans les ombres. Mon cœur s'emplit d'une tristesse sans fin. Le labyrinthe m'absorbe. J'entends au loin les pas d'une sentinelle. Il semble donner desordres.

Soudain l'eau monte, torrent d'amertume grise. Elle monte aux chevilles des indolences. Elle se fiche de la présence d'êtres sur son chemin. Elle monte, elle m'aspire vers le fond. Elle est chaude, très chaude, elle bout de ma déchéance. Je dois maintenant me débattre, elle m’emporte vers un long tunnel circulaire.

Urgence

(Animation: veuillez cliquer à l'intérieur pour activer et animer.)

Temps

Le temps qui sombre

Dans les ténébres

Avalé par les araignées

Tout évaporé

Par les idées

Dévastées

 

S'étale le long de la bordure

Comme de la confiture

Couleur sang verdure

Des arbres qui acceuillent

Les supplices éceuillent

 

Les fées ne sont plus qu'illusions

Une illustre perversion

Des sentinelles imaginations

Des sens perdus déconfits

Au milieu des convives surpris